15.9. Commandes diverses

Commandes qui ne peuvent être classées

jot, seq

Ces outils génèrent des séquences de nombres entiers avec une incrémentation que l'utilisateur choisit.

Le retour à la ligne qui sépare par défaut les entiers peut être modifié avec l'option -s.

 bash$ seq 5
 1
 2
 3
 4
 5



 bash$ seq -s : 5
 1:2:3:4:5
 

jot et seq sont fort pratiques pour les boucles.

Exemple 15.54. Utiliser seq pour générer l'incrément d'une boucle

&ex53;

Un exemple plus simple :

#  Crée un ensemble de dix fichiers,
#+ nommés fichier.1, fichier.2 . . . fichier.10.
NOMBRE=10
PREFIXE=fichier

for fichier in `seq $NOMBRE`
do
  touch $PREFIXE.$fichier
  #  Ou vous pouvez réaliser d'autres opérations,
  #+ comme rm, grep, etc.
done

Exemple 15.55. Compteur de lettres

&lettercount;

[Note]

Note

Avec plus de fonctionnalités que seq, jot est un outil classique UNIX qui n'est pas normalement inclus dans une distribution Linux. Néanmoins, le source rpm est disponible au téléchargement sur le dépôt du MIT.

Contrairement à seq, jot peut générer une séquence de nombres aléatoires en utilisant l'option -r.

bash$ jot -r 3 999
1069
 1272
 1428
getopt

La commande getopt analyse les options de la ligne de commande précédées par un tiret. Cette commande externe correspond à la commande intégrée Bash getopts. Utiliser getopt permet la gestion des options longues grâce à l'utilisation de l'option -l et cela permet aussi la réorganisation des paramètres.

Exemple 15.56. Utiliser getopt pour analyser les paramètres de la ligne de commande

&ex33a;

[Note]

Note

Peggy Russell indique :

Il est souvent nécessaire d'inclure un eval pour que les espaces et les guillements soient traités correctement.

args=$(getopt -o a:bc:d -- "$@")
eval set -- "$args"

Voir l'Exemple 9.14, « Émuler getopt » pour une émulation simplifiée de getopt.

run-parts

La commande run-parts [70] exécute tous les scripts d'un répertoire cible triés par ordre ASCII. Évidemment, ces scripts nécessitent les droits d'exécution.

Le démon cron lance run-parts pour exécuter les scripts du répertoire /etc/cron.*.

yes

Par défaut, la commande yes envoie une suite infinie de lettres y suivies de retours à la ligne sur stdout. Un ctrl+C arrête l'éxécution. Une chaîne différente peut être spécifiée en argument (yes chaine_differente affichera continuellement chaine_differente sur stdout).

On pourrait se demander l'intérêt de la chose. En pratique, yes peut être utilisé comme un expect minimaliste en le redirigeant vers un programme en attente d'une saisie expect.

yes | fsck /dev/hda1 confirme toutes les réparations à fsck (méfiance !).

yes | rm -r nom_repertoire aura le même effet que rm -rf nom_repertoire (toujours méfiance !).

[Avertissement]

Avertissement

Soyez très prudent quand vous redirigez yes vers une commande potentiellement dangereuse pour votre système, comme fsck ou fdisk. De telles redirections peuvent générer des effets secondaires inattendus.

[Note]

Note

La commande yes analyse les variables, plus précisément elle affiche les variables après les avoir analysées. Par exemple :

bash$ yes $BASH_VERSION
3.1.17(1)-release
 3.1.17(1)-release
 3.1.17(1)-release
 3.1.17(1)-release
 3.1.17(1)-release
 ...
              

Cette « fonctionnalité » particulière peut servir à fabriquer à la volée un fichier ASCII très gros :

bash$ yes $PATH > enorme_fichier.txt
Ctl-C              
              

Pensez à taper Ctl-C très vite, sans quoi vous risquez d'en avoir pour votre argent...

La commande yes peut être émulée à l'aide d'une function de script très simple.

yes ()
{ # Émulation simpliste de "yes" ...
  local TEXTE_PAR_DEFAUT="y"
  while [ true ]   # Boucle infinie.
  do
    if [ -z "$1" ]
    then
      echo "$TEXTE_PAR_DEFAUT"
    else           # S'il y a un argument ...
      echo "$1"    # ... le calculer et l'afficher.
    fi
  done             #  Seule chose qui manque :
}                  #+ les options --help et --version.
banner

Affiche les paramètres sur stdout comme une grande bannière verticale en utilisant un symbole ASCII (# par défaut). On peut rediriger cette sortie vers l'imprimante pour obtenir une copie papier.

NB : banner a été retirée de beaucoup de distributions Linux.

printenv

Montre toutes les variables d'environnement réglées pour un utilisateur donné.

bash$ printenv | grep HOME
 HOME=/home/bozo
 
lp

Les commandes lp et lpr envoient un (des) fichier(s) à la file d'impression. [71] Ces commandes tirent l'origine de leurs noms des imprimantes « ligne par ligne » d'un autre âge.

bash$ lp fichier1.txt ou bash lp < fichier1.txt

Il est souvent utile d'envoyer le résultat de la commande pr à lp.

bash$ pr -options fichier1.txt | lp

Les outils de mise en forme comme groff et Ghostscript peuvent directement envoyer leurs sorties à lp.

bash$ groff -Tascii fichier.tr | lp

bash$ gs -options | lp fichier.ps

Les commandes sont lpq pour visualiser la file d'impression et lprm pour retirer des documents de la file d'impression.

tee

[UNIX emprunte une idée aux métiers de plomberie]

C'est un opérateur de redirection avec une petite différence : comme le « T » du plombier, cette commande permet de « siphonner » vers un fichier la sortie d'une commande ou de plusieurs commandes dans un tube, sans en affecter le résultat. Cela sert quand on veut envoyer le résultat du processus en cours vers un fichier ou vers une imprimante, par exemple en déboggage.

                               (redirection)
                              |----> vers le fichier
                              |
  ============================|====================
  commande ---> commande ---> |tee ---> commande ---> ---> sortie du tube
  ===============================================
 
cat listefichiers* | sort | tee fichier.verif | uniq > fichier.resultat
#             ^^^^^^^^^^^^^^   ^^^^    

#  Le fichier "fichier.verif" contient les contenus concaténés des
#+ fichiers en "listefichiers", avant la suppression des lignes en
#+ double par 'uniq'.
mkfifo

Cette obscure commande crée un tube nommé, un tampon temporaire pour transférer les données entre les programmes sur le principe du first-in-first-out (FIFO : premier arrivé, premier sorti). [72] Classiquement, un processus écrit dans le FIFO et un autre y lit. Voir l'Exemple A.14, « fifo: Faire des sauvegardes journalières, avec des tubes nommés ».

#!/bin/bash
# Petit script d'Omair Eshkenazi.
# Utilisé dans le guide ABS avec sa permission (merci !).

mkfifo pipe1   # Mais oui, les tubes peuvent porter des noms
mkfifo pipe2   # D'où l'appellation de "tube nommé"

(cut -d' ' -f1 | tr "a-z" "A-Z") >pipe2 &lt;pipe1 &amp;
ls -l | tr -s ' ' | cut -d' ' -f3,9- | tee pipe1 |
cut -d' ' -f2 | paste - pipe2

rm -f pipe1
rm -f pipe2

#  Pas besoin de tuer les processus en tâche de fond quand le script se termine.
#+ (pourquoi ?).

exit $?

Maintenant, lancez le script et expliquez sa sortie :
sh mkfifo-example.sh

4830.tar.gz          BOZO
pipe1   BOZO
pipe2   BOZO
mkfifo-example.sh    BOZO
Mixed.msg BOZO
pathchk

Ce programme vérifie la validité d'un nom de fichier. Il renvoie un message d'erreur si le nom excède la taille maximale autorisée (255 caractères) ou si un des répertoires du chemin est inaccessible, alors un message d'erreur est affiché.

Malheureusement, pathchk ne renvoie pas un code d'erreur interprétable, ce qui le rend assez inutile dans un script. Cherchez du côté des opérateurs de tests sur les fichiers si besoin.

dd

C'est une commande légèrement obscure et l'une des plus craintes des commandes de duplication des données. À l'origine, c'était un outil d'échange de données entre les bandes magnétiques des mini-ordinateurs unix et les mainframes d'IBM. Cette commande est encore utilisée à cet effet. dd copie simplement un fichier (ou stdin/stdout) mais en effectuant une conversion. ASCII/EBCDIC est une « conversion » possible [73] minuscule/majuscule, permutation des paires d'octets entre l'entrée et la sortie, saut et troncature des en-têtes et queues du fichier d'entrées.

# Convertir un fichier en majuscule :

dd if=$fichier conv=ucase > $fichier.majuscule
#                    lcase   # pour une conversion en minuscule

Voici quelques options basiques de dd :

  • if=INFILE

    INFILE est le fichier source.

  • of=OUTFILE

    OUTFILE est le fichier cible, le fichier où les données seront écrites.

  • bs=BLOCKSIZE

    Ceci est la taille de chaque bloc de données en cours de lecture et d'écriture, normalement une puissance de 2.

  • skip=BLOCKS

    Nombre de blocs à sauter dans INFILE avant de commencer la copie. Ceci est utile quand INFILE commence avec des données corrompues ou quand il est préférable de copier seulement une portion de INFILE.

  • seek=BLOCKS

    Nombre de blocs à sauter dans INFILE avant de commencer la copie, laissant des données blanches au début de OUTFILE.

  • count=BLOCKS

    Copie seulement ce nombre de blocs de données, plutôt que le fichier INFILE entier.

  • conv=CONVERSION

    Type de conversion à appliquer aux données d'INFILE avant l'opération de copie.

dd --help liste toutes les options acceptées par cet outil puissant.

Exemple 15.57. Un script qui se copie lui-même

&selfcopy;

Exemple 15.58. S'exercer à dd

&exercisingdd;

Pour montrer à quel point dd est souple, utilisons-le pour capturer nos saisies.

Exemple 15.59. Capturer une saisie

&ddkeypress;

dd peut effectuer un accès aléatoire sur un flux de données.

echo -n . | dd bs=1 seek=4 of=fichier conv=notrunc
# l'option "conv=notrunc" signifie que la sortie ne sera pas tronquée.
# Merci, S.C.

dd peut copier les données brutes d'un périphérique (comme un lecteur de disquette ou de bande magnétique) vers une image et inversement (Exemple A.5, « copy-cd : Copier un CD de données »). On l'utilise couramment pour créer des disques de démarrage.

dd if=kernel-image of=/dev/fd0H1440

De la même manière, dd peut copier le contenu entier d'un disque (même formaté avec un autre OS) vers un fichier image.

dd if=/dev/fd0 of=/home/bozo/projects/floppy.img

Comme autres exemples d'applications de dd, on peut citer l'initialisation d'un fichier swap temporaire (Exemple 28.2, « Créer un fichier de swap en utilisant /dev/zero ») ou d'un disque en mémoire (Exemple 28.3, « Créer un disque ram »). dd peut même effectuer la copie bas-niveau d'une partition complète d'un disque dur même si la pratique n'est pas conseillée.

Les gens (qui n'ont probablement rien à faire de mieux de leur temps) pensent constamment à de nouvelles applications intéressantes de dd.

Exemple 15.60. Effacer les fichiers de façon sûre

&blotout;

Voir aussi l'entrée dd thread dans la bibliographie.

od

Le filtre od (pour octal dump) convertit l'entrée en octal (base 8) ou dans une autre base. C'est très utile pour voir ou traiter des fichiers binaires ou sources de données illisibles du système -- par exemple /dev/urandom -- ou encore pour filtrer des données binaires.

head -c4 /dev/urandom | od -N4 -tu4 | sed -ne '1s/.* //p'
# Exemple d'affichage : 1324725719, 3918166450, 2989231420, etc.

# À partir du script exemple rnd.sh, par St&eacute;phane Chazelas

Voir aussi Exemple 9.31, « Réinitialiser RANDOM » et Exemple A.36, « Tri d'insertion ».

hexdump

Liste le contenu en hexadécimal, octal, décimal ou ASCII d'un fichier binaire. hexdump est un équivalent moins complet d'od, traité ci-dessus. Elle pourrait être utilisée pour visualiser le contenu d'un fichier binaire, en combinaison avec dd et less.

dd if=/bin/ls | hexdump -C | less
# L'option -C formate joliment la sortie sous forme d'un tableau.
objdump

Affiche des informations sur un objet ou un exécutable binaire sous sa forme hexadécimale ou en tant que code désassemblé (avec l'option -d).

bash$ objdump -d /bin/ls
 /bin/ls:     file format elf32-i386

 Disassembly of section .init:

 080490bc <.init>:
 80490bc:       55                      push   %ebp
 80490bd:       89 e5                   mov    %esp,%ebp
 . . .
 
mcookie

Cette commande génère un fichier témoin (« magic cookie »), un nombre hexadécimal pseudo-aléatoire de 128 bits (32 caractères) qui est habituellement utilisé par les serveurs X comme « signature » pour l'authentification. Elle peut être utilisée dans un script comme une solution sale mais rapide pour générer des nombres aléatoires.

random000=$(mcookie)

Évidemment, un script peut utiliser md5sum pour obtenir le même résultat.

# Génère la somme de contrôle md5 du script lui-même.
 random001=`md5sum $0 | awk '{print $1}'`
# Utilise awk pour supprimer le nom du fichier

mcookie est aussi une autre facon de générer un nom de fichier « unique ».

Exemple 15.61. Générateur de nom de fichier

&tempfilename;

units

Généralement appelé de façon interactive, cet utilitaire peut être utilisé dans un script. Il sert à convertir des mesures en différentes unités.

Exemple 15.62. Convertir des mètres en miles

&unitconversion;

m4

Trésor caché, m4 est un puissant filtre de traitement des macros [74]. Pratiquement un langage complet, m4 fut écrit comme pré-processeur pour RatFor avant de s'avérer être un outil autonome très utile. En plus de ses possibilités étendues d'interpolation de macros, m4 intègre les fonctionnalités d'eval, tr et awk.

Un très bon article sur m4 et ses utilisations a été écrit pour le numéro d'avril 2002 du Linux Journal.

Exemple 15.63. Utiliser m4

&m4;

xmessage

Cette variante basée sur X de echo affiche un dialogue sur le bureau.

xmessage Clic gauche pour continuer -button okay
zenity

L'outil zenity permet d'afficher un dialogue utilisant les composants GTK+ et très intéressant pour l'écriture de scripts.

doexec

doexec permet de transmettre une liste quelconque d'arguments à un binaire exécutable. En particulier , le fait de transmettre argv[0] (qui correspond à $0 dans un script) permet à l'exécutable d'être invoqué avec des noms différents et d'agir en fonction de cette invocation. Ceci n'est qu'une autre façon de passer des options à un exécutable.

Par exemple , le répertoire /usr/local/bin peut contenir un binaire appelé « aaa ». doexec /usr/local/bin/aaa list affichera la liste de tous les fichiers du répertoire courant qui commencent par un « a ». Appeler le même binaire par doexec /usr/local/bin/aaa delete détruira ces fichiers.

[Note]

Note

Les différentes actions d'un exécutable doivent être définies à l'intérieur du code exécutable lui-même. De façon similaire au script suivant :

case `basename $0` in
 "name1" ) faire_qqchose;;
 "name2" ) faire_qqchose_d_autre;;
 "name3" ) encore_autre_chose;;
 *       ) quitter;;
 esac
dialog

La famille d'outils dialog fournit une méthode pour appeler des fenêtres de « dialog »ues interactives à partir d'un script. Les variations plus élaborées de dialog -- gdialog, Xdialog, et kdialog -- appelle en fait les widgets X-Windows.

sox

La commande sox, ou « sound exchange » (échange de sons), joue et réalise des transformations sur des fichiers son. En fait, l'exécutable /usr/bin/play (maintenant obsolète) n'est rien de plus qu'un emballage shell pour sox.

Par exemple, sox fichierson.wav fichierson.au modifie un fichier son WAV en fichier son AU (format audio de Sun).

Les scripts shells correspondent parfaitement à des exécutions nombreuses comme les opérations de sox sur des fichiers son. Par exemple, voir le guide pratique « Linux Radio Timeshift » et le projet MP3do.



[70] Ces scripts sont inspirés de ceux trouvés dans la distribution debian

[71] La file d'impression est l'ensemble des documents en attente d'impression.

[72] Pour une excellente vue d'ensemble du sujet, lire l'article de Andy Vaught Introduction to Named Pipes ( Introduction aux tubes nommés ) dans le numéro de septembre 1997 du Linux Journal.

[73] EBCDIC (prononcer « ebb-sid-ick ») est l'acronyme de Extended Binary Coded Decimal Interchange Code. C'est un vieux format de données d'IBM qui n'a plus cours aujourd'hui. Une utilisation étrange de l'option conv=ebcdic est l'encodage simple (mais pas très sécurisé) de fichiers textes.

cat $file | dd conv=swab,ebcdic > $file_encrypted
# Encode (baragouin).
# on peut ajouter l'option swab pour obscurcir un peu plus

 cat $file_encrypted | dd conv=swab,ascii > $file_plaintext
# Decode.

[74] Une macro est une constante symbolique qui se substitue à une chaîne de commandes ou à une opération sur une série d'arguments. En bref, c'est un raccourci, une abbréviation.