16. Filtres externes, programmes et commandes

Les commandes UNIX standards rendent les scripts shell plus polyvalents. La puissance des scripts provient du mélange de commandes systèmes et de directives shell avec des structures de programmation simples.

16.1. Commandes de base

Commandes incontournables pour le débutant

ls

La commande élémentaire de « listage » du contenu d'un répertoire. Il est très facile d'en sous-estimer la puissance. Par exemple, en utilisant -R, l'option de récursivité, ls affiche une structure de répertoire sous la forme d'une arborescence. D'autres options utiles sont -S, qui trie selon la taille du fichier, -t, qui trie selon la date de modification des fichiers, -b, qui affiche les caractères d'échappement, et -i, qui affiche les inodes des fichiers (voir l'Exemple 16.4, « Effacer un fichier par son numéro d'inode »).

[Astuce]

Astuce

La commande ls renvoie un code de sortie non nul lors d'une tentation d'obtention d'une fichier inexistant.

bash$ ls abc
ls: abc: No such file or directory


bash$ echo $?
2

Exemple 16.1. Utilisation de ls pour créer une liste de fichiers à graver sur un CDR

&ex40;

cat, tac

cat, un acronyme de concatenate (NdT : concaténer en français), affiche le contenu d'un fichier sur stdout. Lorsqu'il est combiné avec une redirection (> ou >>), il est couramment utilisé pour concaténer des fichiers.

# Utilisation de cat
cat nom_fichier # Liste le fichier.
cat fichier.1 fichier.2 fichier.3 > fichier.123 # Combine les trois fichiers en un seul.

L'option -n de cat insère, avant chaque début de ligne, un numéro de ligne dans le(s) fichier(s) cible(s). L'option -b sert à numéroter uniquement les lignes qui ne sont pas blanches. L'option -v montre les caractères non imprimables en utilisant la notation ^. L'option -s n'affiche qu'une seule ligne blanche lors de multiples lignes blanches consécutives.

Voir aussi l'Exemple 16.28, « nl : un script d'autonumérotation. » et l'Exemple 16.24, « rot13 : rot13, cryptage ultra-faible. ».

[Note]

Note

Dans un tube, il pourrait être plus efficace de rediriger l'entrée standard (stdin) dans un fichier plutôt que d'utiliser la commande cat avec un fichier.

cat nom_fichier | tr a-z A-Z

tr a-z A-Z < nom_fichier #  Même effet mais lance un processus de moins
                         #+ et dispense aussi du tube.

tac, le contraire de cat, affiche le contenu d'un fichier en commençant par sa fin.

rev

Inverse chaque ligne d'un fichier et affiche le résultat vers stdout. Le résultat est différent d'une utilisation de tac, dans le sens où rev conserve l'ordre des lignes mais traite chacune d'elle de sa fin vers son début (image du miroir).

bash$ cat fichier1.txt
Coucou, je suis la ligne 1.
Coucou, je suis la ligne 2.


bash$ tac fichier1.txt
Coucou, je suis la ligne 2.
Coucou, je suis la ligne 1.


bash$ rev fichier1.txt
.1 engil al sius ej ,uocuoC
.2 engil al sius ej ,uocuoC 
              
cp

Il s'agit de la commande de copie de fichier. cp fichier1 fichier2 copie fichier1 dans fichier2. Il écrase fichier2 s'il existait auparavant (voir l'Exemple 16.6, « Copier les fichiers du répertoire courant vers un autre répertoire en utilisant xargs »).

[Astuce]

Astuce

Les options -a, pour l'archive (copier une arborescence entière de répertoire), -u pour la mise à jour (qui empêche l'écrasement de fichiers de même nom, -r et -R pour la récursivité sont particulièrement utiles.

cp -u rep_source/* rep_dest
#  "Synchronise" rep_dest_dir à partir de rep_source
#+  en copiant tous les nouveaux fichiers auparavant inexistants.
mv

C'est la commande de déplacement (move) de fichier. Elle est équivalente à une combinaison des commandes cp et rm. Elle peut être utilisée pour déplacer plusieurs fichiers vers un répertoire ou même pour renommer un répertoire. Pour des exemples d'utilisation dans un script, voir l'Exemple 10.11, « Renommer des extensions de fichiers : » et l'Exemple A.2, « rn : Un utilitaire simple pour renommer des fichiers ».

[Note]

Note

Lors de l'utilisation de mv dans un script non-interactif, on doit ajouter l'option -f (forcer) pour empêcher l'interaction avec l'utilisateur.

Quand un répertoire est déplacé vers un répertoire déjà existant, il devient un sous-répertoire du répertoire existant.

bash$ mv rep_source rep_cible

bash$ ls -lF rep_cible
total 1
 drwxrwxr-x    2 bozo  bozo      1024 nov 21 23:30 rep_source/
              
rm

Efface, supprime (« remove » en anglais) un ou plusieurs fichiers. L'option -f force même la suppression de fichiers en lecture seule et est utile pour ignorer toute interaction de l'utilisateur durant son exécution dans un script.

[Note]

Note

La commande rm échouera, d'elle-même, dans la suppression des fichiers commençant par un tiret. Pourquoi ? parce que rm voit un nom de fichier préfixé par un tiret d'option.

bash$ rm -mauvaisnom
rm: invalid option -- b
 Try `rm --help' for more information.

Un contournement intelligent permet de précéder le nom du fichier avec un «  --  » (l'option end-of-options).

bash$ rm -- -mauvaisnom

Une autre méthode revient à ajouter au début du nom du fichier un point et un slash.

bash$ rm ./-mauvaisnom
[Avertissement]

Avertissement

Lorsqu'elle est exécutée avec l'option de récursivité (NdT : en anglais, « recursive flag ») -r, cette commande efface les fichiers de tous les sous-répertoires de l'arborescence à partir du répertoire actuel. Lancer rm -rf * sans précaution peut supprimer une grande partie de la structure d'un répertoire.

rmdir

Efface un répertoire (« remove directory » en anglais). Il est nécessaire que le répertoire soit vide de tout fichier -- ce qui inclut les fichiers invisibles (NdT : en anglais, les dotfiles), [66] -- pour que cette commande s'exécute correctemment.

mkdir

Crée un répertoire (NdT : « make directory » en anglais). Par exemple, mkdir -p projet/programmes/Decembre crée le répertoire indiqué. L'option -p s'occupe, au besoin, de la création des répertoires parents automatiquement.

chmod

Change les attributs d'un fichier ou d'un répertoire existant (voir l'Exemple 15.14, « Forcer une déconnexion »).

chmod +x nom_fichier
# Rend "nom_fichier" exécutable pour tous les utilisateurs.

chmod u+s nom_fichier
# Active le bit de droit "suid" de "nom_fichier".
#  Un utilisateur ordinaire peut exécuter "nom_fichier" avec les mêmes
#+ droits que son propriétaire.
# (Ceci ne s'applique pas aux scripts shell.)
chmod 644 nom_fichier
#  Active les droits de lecture/écriture de "nom_fichier" pour son
#+ propriétaire, de lecture seule pour les autres (mode octal).

chmod 444 nom_fichier
#  Rend "nom_fichier" en lecture seule pour tous.
#  Modifier le fichier (par exemple, avec un éditeur texte)
#+ non autorisé pour un utilisateur qui ne possède par le fichier (sauf root),
#+ et même le propriétaire du fichier doit forcer une sauvegarde du fichier
#+ en cas de modification.
#  Les même restrictions s'appliquent à la suppression du fichier.
chmod 1777 nom_rep
#  Donne à tout le monde les droits de lecture, d'écriture et d'exécution
#+ dans le répertoire mais active aussi le "sticky bit".
#  Cela signifie que seul le propriétaire du répertoire, le propriétaire du
#+ fichier et, bien sûr, root peuvent effacer un fichier de ce
#+ répertoire.

chmod 111 nom_rep
#  Donne seulement le droit d'exécution à tout le monde dans un répertoire.
#  Ceci signifie que vous pouvez exécuter et lire les fichiers de ce
#+ répertoire (les droits d'exécution incluent nécessairement les droits de
#+ lecture car vous ne pouvez pas exécuter un fichier sans le lire).
#  Mais vous ne pouvez pas lister les fichiers ou les rechercher avec la
#+ commande "find".
#  Ces restrictions ne s'appliquent pas à root.

chmod 000 nom_rep
#  Aucun droit pour ce répertoire.
#  Impossible de lire, écrire ou exécuter les fichiers qui y sont contenus.
#  Impossible même d'y lister les fichiers ou de s'y déplacer.
#  Mais vous pouvez renommer (mv) le répertoire
#+ ou le supprimer (rmdir) s'il est vide.
#  Vous pouvez même créer un lien symbolique vers les fichiers de ce répertoire
#+ mais vous ne pouvez pas lire, écrire ou exécuter les liens symboliques.
#  Ces restrictions ne s'appliquent pas à root.
chattr

Change les attributs de fichier (NdT : « change file attributes » en anglais).Le nom ressemble en peu à chmod ci-dessus mais les options sont différentes et la syntaxe d'appel aussi. Cette commande fonctionne uniquement sur les systèmes de fichiers ext2/ext3.

Une option particulièrement intéressante de chattr est i. chattr +i filename marque le fichier comme non modifiable. Le fichier ne peut pas être modifié ou supprimé, un lien ne peut pas être établi vers lui, y compris par root. Cet attribut de fichier ne peut être initialisé ou supprimé que par root. D'une façon similaire, l'option a marque le fichier de façon à ce que les utilisateurs ne puissent qu'ajouter des informations.

root# chattr +i fichier1.txt
root# rm fichier1.txt
rm: remove write-protected regular file `file1.txt'? y
rm: cannot remove `file1.txt': Operation not permitted

Si le fichier a l'attribut s (sécurité), alors, quand il est supprimé, le bloc correspondant du disque est écrasé par des zéros binaires. [67]

Si le fichier a l'attribut u (non supprimable), alors, à sa suppression, son contenu pourra toujours être récupéré.

Si un fichier a l'attribut c (compression), alors il sera automatiquement compressé lors de son écriture sur le disque et décompressé lors de sa lecture.

[Note]

Note

Les attributs du fichier configurés avec chattr ne s'affichent pas dans la liste des fichiers (ls -l).

ln

Crée des liens vers des fichiers déjà existants. Un « lien » est une référence vers un fichier. La commande ln permet de référencer le fichier lié par plus d'un nom et est une alternative supérieure au système d'alias (voir l'Exemple 4.6, « wh, recherche d'un nom de domaine avec whois »).

ln crée simplement une référence, un pointeur vers le fichier pour une taille de seulement quelques octets.

La commande ln est le plus souvent utilisée avec l'option -s, option de lien symbolique ou ou lien « soft ». Les avantages de l'utilisation de l'option -s est que cela permet de faire des liens entre systèmes de fichiers ou des répertoires.

La syntaxe de la commande est un peu spéciale. ln -s ancien_fichier nouveau_fichier lie le fichier ancien_fichier au lien nouvellement créé, nouveau_fichier.

[Attention]

Attention

Si un fichier nommé nouveau_fichier existe, un message d'erreur apparaîtra.

Les liens permettent d'appeler un script (ou tout autre type d'exécutable) avec des noms multiples et de faire en sorte que ce script se comporte suivant la façon dont il a été appelé.

Exemple 16.2. Hello or Good-bye

&hellol;

man, info

Ces commandes permettent d'accéder aux pages de manuel et d'information relatives aux commandes système et aux autres utilitaires installés sur la machine. Les pages info, quand elles sont disponibles, contiennent généralement des descriptions plus détaillées que celles des pages man.

Il existe plusieurs tentatives d' « automatisation » de l'écriture des pages de manuel. Voici un script qui représente un premier dans cette direction : Exemple A.39, « Éditeur de man page ».



[66]

Il s'agit de fichiers dont le nom commence par un point, par exemple ~/.Xdefaults. De tels noms de fichiers ne sont pas affichés lors d'un ls, et ne risquent donc pas d'être effacés accidententellement par une commande rm -rf *. Ces fichiers sont utilisés normalement en tant que fichiers de configuration situés dans le répertoire principal d'un utilisateur.

[67] Cette fonctionnalité particulière peut ne pas être encore présente sur votre système de fichier ext2/ext3, suivant sa version. Vérifiez ce point dans la documentation de votre distribution.